JO Rio 2016 : Les prothèses de sport…sources

d’interrogations !

lames de courses durant les jeux paralympiques de 2016 à rio, avec oscar pistorius, athlète amputé

Vous n’avez pas pu passer à côté si vous avez regardé les jeux paralympiques: Les lames de course !

Oscar Pistorius avait exposé médiatiquement ces lames lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012.

Elles soulèvent et suscitent de nombreuses d’interrogations pour le grand public.  Comment fonctionne une lame de course ? Comment sont-elles fabriquées ? Quel est le prix d’une prothèse de sport ? Comment sont choisies les lames ?…

– Comment fonctionne une lame de course ? –

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Lame Flex Run Ossur

Les lames de course ont une forme en «  C ». Ce « C » vient se comprimer lors de l’attaque du pied au sol. A cet instant et pendant toute la durée de l’appui, la lame se déforme et emmagasine de l’énergie. Lorsque la lame va quitter le sol pour passer en phase pendulaire (phase aérienne), l’énergie emmagasinée va être restituée (le « c » se décomprime) et « propulse » le sportif. Ce cycle se reproduit à chaque foulée.

Par ailleurs, les sportifs qui court avec une lame de course mettent un certain temps à atteindre leur vitesse maximale. Lors du départ, la vitesse et l’impact du sportif est insuffisante pour déformer la lame carbone. De plus, la dépense énergétique dans les premières foulées est très importante. Avec la vitesse qui augmente, le sportif accroit la charge et le poids sur la lame, celle-ci se déforme et finie par effectuer son travail de restitution.

– Comment est fabriquée une lame de course ? –

Les lames de course sont fabriquées dans un matériau qui associe une résistance mécanique élevée et un poids réduit : la fibre de carbone.

Lors du processus industriel le nombre de couche de carbone et l’orientation des fibres sont adaptés afin de fournir d’un côté la souplesse nécessaire à la déformation de la lame et d’un autre la restitution de cette énergie lors de la propulsion.

Deux principaux fournisseurs fabriquent les lames et les proposent aux orthoprothésistes : La société OTTOBOCK (Allemande) et la société OSSUR (Islandaise).

Ces fournisseurs se sont également associés avec les équipementiers (Nike et Adidas) pour développer des semelles, adaptables sur l’extrémité des lames, semblables à celles des chaussures pour courir.

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Semelle nike pour Flex Run Ossur

– Comment sont choisies les lames ? –

Le choix d’une lame est le fruit d’un travail entre le sportif et l’orthoprothésiste. L’orthoprothésiste détermine dans un premier temps la lame correspondant au poids du patient, son activité et son sport (sprint, demi-fond, saut en hauteur…) Des essais en conditions réelles vont ensuite être effectués pour vérifier qu’elle n’est ni trop souple ni trop rigide et adaptée au sport pratiqué.

Ces tests vont également permettre, dans le cas d’une amputation d’un seul côté, d’ajuster la hauteur de la prothèse. Il faut, en effet, conserver une égalité de hauteur entre le côté prothétique et le côté sain.

– Quel est le prix d’une prothèse pour courir ? –

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Prothèse de jambe et prothèse de cuisse pied sprinter 1E90 et genou 3S80 Ottobock

Le prix est d’environ 10 000 euros pour une prothèse de jambe et de 15 000 euros pour une prothèse de cuisse. Ce tarif comprend le moulage, l’adaptation et la fabrication de l’emboiture en carbone (l’emboiture est la partie qui reçoit le moignon), l’alignement de la prothèse, les différents réglages et les essais avec le sportif.

Il n’y a pas de prise en charge par la sécurité sociale. Le financement est personnel ou par le biais de sponsoring.

– Le sportif courant avec des lames carbone est-il avantagé ? –

Difficile de répondre à cette question qui fait débat. A quel moment la restitution d’énergie de la lame carbone avantage-t-elle le sportif ? Un sportif ayant une ou deux jambes amputées est-il avantagé ? Le handicap peut-il être considéré comme une aide ?

Toute ces questions ont alimenté de nombreux débats lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012 suite à la volonté d’Oscar Pistorius, amputé bilatéral de jambe, de courir avec les sportifs valides. Le tribunal arbitral du sport avait donné raison au sportif en estimant « qu’en l’état des connaissances scientifiques actuelles, il n’était pas possible de prouver que Monsieur Pistorius détenait un avantage en utilisant ses prothèses. »

Les lames et la restitution n’enlèvent, cependant, rien à l’entrainement, à la préparation quotidienne de ces champions, nécessaire pour atteindre une telle performance.

Doit-on considérer qu’avoir une lame compense le fait d’être amputé ?

La question de l’avantage est donc encore une fois posée est reste pour l’instant sans réponse…

@Erwan CALVIER, Orthoprothésiste, Société OPR à Rennes